1960
France

film d'André Desreumeaux
avec Pauline Carton, Jacques Castelot, Pierre Dudan

"Un soir, dans un bar, un homme vient à moi, s'assied à ma table et sans plus de façons me remet un enveloppe contenant un million d'anciens francs ! Il me dit:
"Je réalise un film ! J'ai construit des studios à Lille ! Je vous engage comme acteur ! Je suis réalisateur, scénariste, producteur, cameraman, directeur de production, tout !"
Plus rien ne m'étonne. On verra bien. Le lundi suivant je me retrouve à Lille avec deux bons copains, embarqués dans la même galère que moi : Jacques Castelot et René Havard. Ils ont touché chacun leur "brique" ! Nous voilà dans le "studio", qui n'est qu'un modeste hangar. L'homme-orchestre du septième art nous annonce :
"Voilà. Je n'ai pas encore de sujet. Je ne sait pas de quoi mon film va parler. On va toujours commencer par tourner une scène… n'importe quoi. Disons que vous êtes gangsters. Vous venez de faire votre coup. Il y a un blessé parmi vous. Vous le faites opérer clandestinement par un toubib que vous avez kidnappé."
Nous improvisons la scène.
Le lendemain, c'est une partie de poker que nous tournons dans les mêmes conditions. Nous jouons gros, avec d'énormes liasses de vrais billets.
Je tourne encore trois jours dans ce joyeux manège et regagne Paris où des activités sérieuses m'attendent. Qu'est-il advenu du film ? D'après les "on dit", le gars aurait commis un hold-up, d'où toutes ces briques liquides. Il aurait fait faillite et se serait suicidé. Tout cela me paraît bien farfelu. D'autant plus que le film est sorti sous le titre de
La mort n'est pas à vendre et qu'il n'était –m'a-t-on dit- pas si mauvais que ça !"

in Trous de mémoires